Droit local Alsace/Moselle

Page d'accueil

 
 
Actualité
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Comme beaucoup de régions françaises nous avons nos traditions, notre dialecte, notre culture, nous avons en plus une particularité juridique : le Droit Local

 

 

Historique

Le Droit Local du travail en vigueur en Alsace/Moselle trouve son origine dans plusieurs dispositions du droit allemand, introduites en Alsace et en Moselle entre 1871 et 1918, notamment le Code Local des Professions résultant d'une loi d'Empire du 26 juillet 1900 (Gewerbeordnung) et plusieurs articles non abrogés du Code Civil Local et du Code de Commerce Local.

Après la première guerre mondiale un Commissaire de la République devait remettre l'administration en route et un choix a du être fait entre le Droit Local et le Droit Général Français.

La réintroduction de la législation Française, parfois moins avancée, ne fut donc pas sans susciter quelque difficultés, il fallait en effet concilier deux régimes juridiques apparemment incompatibles.

Le législateur décida donc de les juxtaposer. Les lois Françaises ne furent rétablies que dans la mesure où elles n'allaient pas à l'encontre des dispositions alors en vigueur. Le maintien en vigueur des dispositions locales conservées est consacré dans deux lois fondamentales du 1er juin 1924 (loi civile et loi commerciale).

Ainsi naissait un droit particulier à l'Alsace/Moselle.

Un examen rapide des dispositions locales maintenues permet de constater que bon nombre d'entre elles relèvent du domaine social et caractérisent un souci de protection des individus en tant que citoyen ou salarié. Une telle préoccupation ne se retrouve pas dans la réglementation Française de l'époque. En effet le régime d'assurance maladie, la faillite civile, le système d'aide sociale ou les dispositions relatives aux relations de travail illustrent le caractère social fortement marqué de la législation Allemande du début du 20e siècle.

En matière sociale plusieurs textes ont été maintenu :

  • Le maintien de la rémunération en cas d'empêchement du salarié,
  • La clause de non-concurrence,
  • Les jours fériés
  • Le repos dominical
  • Le délai-congé.

D'autre textes ont également été maintenu :

  • Le régime local de sécurité sociale, la ''Sozialversicherungsordnung'' de 1911, extrêmement avancée, une sorte de mutuelle complémentaire obligatoire",
  • Moins connue est la possibilité de la faillite civile applicable aux débiteurs qui ne sont ni commerçants, ni artisans, ni agriculteurs.
  • Autre exemple, la loi sur les indigents et les communes, un principe d'assistance obligatoire qu'on a gardé même avec l'introduction du RMI.
  • De très nombreux domaines, l'artisanat, la chasse, les associations, les cultes, sont ainsi marqués par le droit local

 

Haut de page

Jours fériés

11 + 2 = 13 JOURS FERIES ET CHOMES EN ALSACE
Articles 105a à 105i et 41a à 41b du Code Professionnel Local

La réglementation du repos dominical s'applique aussi aux jours fériés.

La loi locale a laissé au gouvernement le soin de fixer la liste de ces jours fériés.

Les 11 jours de fêtes légales en "vieille France" selon l'article L.222-1 du Code du Travail :

  • 1er janvier (jour de l'an)
  • lundi de Pâques
  • 1er mai (fête du travail)
  • 8 mai (jour de la victoire de 1945)
  • ascension
  • lundi de Pentecôte
  • 14 juillet
  • 15 août (Assomption)
  • 1er novembre (Toussaint)
  • 11 novembre (armistice de 1918)
  • 25 décembre (Noël).

Une ordonnance de 1892 a énuméré 9 jours fériés.

Deux d'entre eux sont ignorés par le Code du Travail, le second jour de Noël et le Vendredi Saint : le second jour de Noël est férié en Alsace et en Moselle.

En Alsace ces deux jours se rajoutent donc aux 11 jours déjà en vigueur en France.

En Moselle le Vendredi Saint (jour précédent le samedi de Pâques) est également férié mais seulement dans les communes où existe un temple protestant ou une église mixte.

Un service religieux protestant peut aussi être célébré dans une église catholique (Cass. Soc. 6 novembre 1985, J. soc. 1986, SJ 17).

Par ailleurs, peu importe la date de construction du temple (Cass. Soc. 7 juillet 1977, BC V n°473).

L'usage s'est cependant développé à de nombreuses autres communes, mais la règle demeure applicable, ce qui oblige le salarié à démontrer l'existence de cet usage pour lui permettre de s'en prévaloir (à noter que la jurisprudence reconnaît ce droit que si ce temple ou cette église existe dans la localité du lieu de travail et non dans celle du domicile du salarié...)

En cas de travail sur des chantiers, il faut prendre en considération la commune du lieu de travail et non celle du siège social de l'entreprise (cass. soc. 6 novembre 1985, J. soc. 1986, SJ 17).

Cette disposition concerne tous les salariés y compris ceux des localités où il n'existe pas une ou plusieurs familles protestantes (quest. orale 2157, JO Sén. 7 octobre 1978, p. 2414).

En Moselle, le Code du travail a été modifié en 1989 en vue de permettre au préfet d'ordonner l'ouverture ou la fermeture des établissements commerciaux et de distribution le Vendredi Saint, indépendamment de l'existence d'une église protestante ou mixte.Il prend en fait un arrêté prescrivant une fermeture générale, sauf dérogations.

Le régime applicable est particulièrement favorable aux salariés puisque bien qu'en droit général le chômage des jours fériés n'est obligatoire que dans l'industrie et seulement pour les mineurs et apprentis (article L.222-2 du Code du Travail), dans les départements du Rhin et de la Moselle les jours fériés suivent le même régime légal que les dimanches.

La législation locale applique pour les jours fériés une interdiction générale de travailler les dimanches.

Dans les professions commerciales (englobe le commerce de gros et de détail, les établissements de banque et de prêt, les entreprises de presse, les assurances, les agences de toute sorte, les services administratifs et commerciaux des établissements industriels) il existe une réglementation plus nuancée : il est interdit d'employer les commis et apprentis le premier jour des fêtes de Noël, Paques ou Pentecôte. Les autres jours fériés on suit les mêmes règles que pour les dimanches (travail autorisé pendant cinq heures avec possibilité pour les communes de réduire, voir supprimer complètement ce temps de travail).

L'interdiction d'occuper le personnel dans les exploitations commerciales les jours fériés est également sanctionnée par la fermeture des établissements.

D'après l'article 41 du Code Local Professionnel, dans la mesure où il est interdit d'occuper les dimanches ou jours fériés du personnel, aucune opération commerciale ne pourra être faite ces jours là dans les locaux de vente ouverts au public (la loi " Aubry II " a ré-introduit la procédure du référé par les Inspecteurs du Travail en cas de non respect de ce principe d'interdiction).

Il en résulte qu'à Strasbourg, comme conséquence de l'interdiction édictée par le statut local du 6 février 1917 d'occuper le personnel pendant les dimanches ou jours fériés, l'exercice de la profession ne peut avoir lieu durant ces jours dans les locaux de vente ouverts au public.

Les jours fériés du droit local bénéficient de l'ensemble des dérogations prévues pour les dimanches.

Il est enfin précisé que les jours de fêtes prévus par la réglementation générale suivent le même régime que les jours de fêtes institués par l'ordonnance locale de 1892.

Les jours fériés établis par les textes de droit général sont incorporés dans le système juridique du Code Local Professionnel et assimilés quant à la réglementation du travail pendant ces jours aux jours fériés du statut local. Leur régime dans les trois départements est donc sensiblement plus favorable que dans le reste du territoire.

Haut de page

Clause de non concurence

Articles 74 et suivants du Code de Commerce Local et article 133f du Code Professionnel Local

Les commis commerciaux bénéficient d'une règle impérative, issue du Code de Commerce Local et maintenue en vigueur : à l'expiration du contrat de travail, l'employeur qui entend imposer à son commis commercial une interdiction de concurrence pendant une durée déterminée, doit lui verser pendant cette durée, une indemnité compensatrice égale au moins à la moitié de son dernier salaire. Si la contrepartie financière à l'interdiction n'est pas prévue dans la clause de non-concurrence, celle-ci est nulle, et seul le salarié peut se prévaloir de cette nullité.

L'interdiction de concurrence elle-même ne peut dépasser deux ans.

La clause doit protéger un intérêt légitime de l'employeur et ne doit pas apporter de restriction excessive aux possibilités d'activité du salarié

L'obligation de l'employeur cesse en cas de licenciement pour faute grave du commis commercial, mais celui-ci doit respecter les termes de la clause.

Une convention collective ou un contrat ne peuvent déroger à ces règles que dans un sens plus favorable au salarié.

 

Un exemple d'arrêt de la plus haute juridiction venant confirmer ces dispositions :

 

Haut de page

Maintien du salaire

A LA DIFFERENCE DU RESTE DE LA FRANCE, IL N'Y PAS DE CARENCE !

Deux articles obligent l'employeur à maintenir le salaire, se sont les articles 63 du Code de Commerce Local et 616 du Code Civil Local.

Art. 63 - Le commis commercial qui par, suite d'un accident dont il n'est pas fautif se trouve dans l'impossibilité de fournir son service, conserve ses droits au salaire et à l'entretien, mais pas au-delà d'une durée de six semaines. Le commis commercial n'est pas tenu de laisser porter en déduction le montant de la somme qui lui est due par une société d'assurance contre la maladie ou les accidents pour la durée du chômage. Toute convention contraire à cette prescription est nulle.

Art. 616 - L'obligé à la prestation de service ne perd pas sa prétention à la rémunération par le fait qu'il aurait été empêché d'effectuer la prestation de services pour une cause qui lui était personnelle, sans sa faute, pendant un temps relativement sans importance. Toutefois, il doit nécessairement subir la déduction du montant de ce qui lui revient, pour la durée de l'empêchement, à raison d'une assurance contre la maladie ou contre les accidents établie sur le fondement d'une obligation légale.

Pour quelle raison peut on utiliser le droit local ?

  • Pour le maintien de salaire lors de la maladie
  • Les jours de carences de la CPAM
  • Les autres absences qui ne sont pas prévisibles et dont le salarié ne porte pas la responsabilité.

Le Conseil de Prud'hommes condamne régulièrement les employeurs qui refusent d'appliquer le droit local. (voir décisions citées plus bas)

La garantie de salaire s'applique à condition que l'absence du salarié soit "relativement sans importance".

La jurisprudence interprète cette condition au cas par cas, en tenant compte de l'ancienneté du salarié, de la durée effective de l'absence et, parfois, de la perturbation apportée au fonctionnement normal de l'entreprise

Dans l'arrêt Bettinger de 1998, la Chambre Sociale de la Cour de Cassation a pris très clairement position en faisant une lecture particulière de l'article 63 du Code de Commerce Local en ne limitant pas l'indemnisation aux absences inférieures à 6 semaines, mais en cas d'absences répétées pour cause de maladie, où chaque reprise du travail par le salarié le rétablit intégralement dans ses droits - Cass. Soc. 24 novembre 1998, n°4865 (3ème arrêt ci-dessous)

Des exemples d'arrêts récents, venant confirmer ces dispositions

Pas de carence malgré les dispositions de la convention collective.

Absence " brève " pour garder son enfant malade.

Maintien des droits même en cas d'absence lors de la contre visite.

Haut de page

Repos dominical

INTERDICTION DE TRAVAILLER LE DIMANCHE
Articles 105a à 105i et 41a à 41b du Code Professionnel Local

Contrairement au Code du Travail qui prescrit le "repos hebdomadaire" comme une règle générale, le Droit Local prévoit et réglemente le "repos dominical" dans le domaine des activités commerciales, artisanales et industrielles (notion de "Gewerbe").

Ces règles ne s'appliquent pas aux activités d'extraction, de pêche ou d'agriculture "Urproduktion" ni aux services publics, aux activités libérales artistiques ou intellectuelles, etc...

En outre, sont exclues du champ d'application certaines activités particulières comme les hôtels, cafés et restaurants, les spectacles, les expositions, ou les transports, etc...

Dans son champ d'application, le droit local contient deux réglementations distinctes : une pour l'industrie et l'artisanat et une autre pour le commerce.

Le repos dominical dans l'industrie et l'artisanat :

Il est interdit, en règle générale, d'occuper le dimanche des salariés dans les activités de fabrication et de transformation.

Des dérogations sont cependant prévues :

  • en vertu de la loi elle-même : l'intérêt public, une nécessité grave, la protection et la sauvegarde des machines, la surveillance de travaux, etc...
  • en vertu d'un décret : certaines activités sont dispensées par décrets de respecter cette interdiction (plusieurs décrets ont été pris énumérant les activités industrielles où le travail peut être poursuivi).
  • par autorisation préfectorale : pour la satisfaction des besoins de la population, pour les exploitations ayant recours à l'énergie hydraulique ou éolienne, ou. exceptionnellement pour prévenir un dommage disproportionné.
  • en vertu de dispositions particulières du Code du travail : comme les équipes de suppléance.

Par ailleurs, le préfet peut à la demande d'une majorité d'entrepreneurs, ordonner la fermeture générale de certaines activités industrielles, sous réserve des dérogations particulières qui peuvent être accordées.

Le repos dominical dans le commerce :

En règle générale, le travail des salariés, commis et apprentis est limité à 5h le dimanche.

Il est cependant possible de réduire la durée maximale du travail, voire d'interdire tout travail par le biais de statuts locaux adoptés dans chaque département, par le conseil général, et à Strasbourg par le conseil municipal.

Ces statuts adoptés entre 1917 et 1956 ont en fait réduit sensiblement les heures d'ouverture et d'emploi des salariés.

Il est par ailleurs possible de déroger à ces limitations pour des motifs prévus par la loi comme la surveillance et le nettoyage des installations, l'inventaire, etc...

ou, sur autorisation du préfet, pour la satisfaction des besoins de la population.

Enfin, les autorités de police (le préfet à Strasbourg et à Metz, et le maire dans les autres communes) peuvent autoriser l'ouverture les quatre dimanches précédant Noël.

Haut de page

Le délai-congé (préavis)

Malgré l'abrogation des règles locales en matière de rupture de contrat de travail, plusieurs dispositions concernant la durée du préavis ont été maintenues, dans le sens que la durée du préavis applicable ne peut être inférieure à celle qui résulte du Droit Local.

Le délai - congé est soumis aux règles du droit général.

C'est uniquement dans les hypothèses où le préavis ainsi déterminé serait d'une durée inférieure à celle qui résulterait du jeu des anciennes dispositions du droit local que la durée du délai-congé sera calculée selon les exigences de ces dernières.

Durée minimale du délai-congé en vertu du droit local :

Ce délai est fixé en règle générale à six semaines, fin de trimestre.

Art. 133 a du Code Professionnel local pour les salariés auxquels un employeur de l'industrie a confié des " services techniques d'un ordre relativement élevé "

Art. 66 du Code de Commerce Local pour les " commis " du secteur du commerce ;

Art. 621 al. 4 du Code Civil Local pour les salariés dont la rémunération est divisée par trimestres ou par périodes plus longues ;

Art. 622 du Code Civil Local pour les salariés fournissant des " prestations de travail d'un genre plus relevé qui réclament d'une façon complète ou principale toute faculté de travail ".

Pour les salariés mensualisés, le congé ne peut être donné que pour la fin du mois et au plus tard le 15ème jour du mois.

Pour les agents de maîtrise, les techniciens et les commis commerciaux, ce délai est de 6 semaines minimum, et ne peut être donné que pour la fin du trimestre.

Pour les salariés n'entrant pas dans les catégories visées ci-dessus :

Art. 621 du Code Civil Local chaque jour pour le lendemain lorsque la rémunération est divisée par semaine

Haut de page